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Rues animées et paradoxe de Braess

by Clara Alonso

Avancez lentement, presque en arrière. Comme chacun le sait, c’est le rythme de la politique suisse. Jamais rien d’extraordinaire dans ce pays qui cultive la valeur de la lenteur, comme le rappelait récemment le conseiller fédéral sortant. Renforcer lentement les transports publics. Le Conseil des Etats a décidé d’étendre l’autoroute A1 entre Berne et Zurich et entre Lausanne et Genève à au moins trois voies dans chaque sens. La proposition a été avancée par l’UDC et adoptée par 31 voix contre 12. Le Conseil fédéral y est favorable, tout comme le Conseil national, qui s’est prononcé sur cette proposition à la mi-septembre (94 voix contre 87). L’autoroute qui relie Genève à Saint-Gall est la plus longue de Suisse avec 410 kilomètres. Certains tronçons ont déjà été étendus à six voies, mais la route reste encombrée. Le conseiller fédéral Albert Rösti a rappelé que l’année dernière, il y avait eu 40 000 heures d’embouteillages sur nos routes, dont 14 000 sur l’A1.

Les politiques n’aiment pas toujours écouter les avis scientifiques ou, plus simplement, tenir compte de la réalité. Cela se produit pour la politique environnementale, pour les soins de santé et pour l’économie. Bien sûr, la science doit aussi être remise en question, mais le bon sens peut parfois aider.

En ce qui concerne les transports, il est confirmé depuis des décennies que l’augmentation de la capacité des routes ne résout pas le problème de la congestion, mais au contraire l’aggrave. L’explication est connue sous le nom de paradoxe de Braess, du nom du mathématicien allemand qui l’a théorisé dans les années 1960. Les conditions de circulation ne s’améliorent pas avec l’ouverture d’une nouvelle route, même si cela peut paraître contre-intuitif. Et c’est en réalité le contraire qui se produit : la fermeture d’une route peut entraîner moins d’embouteillages, comme le montrent tous les exemples dans les villes qui ont drastiquement restreint la circulation motorisée.

L’un des partisans de la multiplication des voies, l’UDC bernoise Salzmann, a expliqué que le transfert du trafic vers les transports publics n’était pas possible car «ils n’ont pas la capacité nécessaire». Question : Pourquoi les transports publics n’ont-ils pas la capacité nécessaire ? Peut-être Pierino peut-il également répondre : Parce que les transports publics ne sont pas suffisamment développés. C’est vrai, et pourquoi ? Car ceux qui disent qu’il y a un manque de transports en commun sont ceux qui décident de continuer !

Dans un document « Tessin 2001, un concept de mobilité écologique » publié en 1987 par l’Association suisse des transports (aujourd’hui Association Transport et Environnement), le président de l’époque, Carlo Lepori, écrivait : « La solution que nos autorités continuent de nous proposer. » la course folle dans la spirale du trafic individuel motorisé : des « plans routiers » coûteux tentent d’« égaliser » le volume de trafic émergent, qui n’attend que de nouvelles opportunités pour s’étendre ! C’est une expérience commune que lorsque de nouvelles routes apportent un peu de répit, le soulagement n’est que de courte durée. » Un concept clair, absolument vérifiable même après 37 (trente-sept !) ans. Si quelque chose s’est amélioré au cours des dernières décennies, c’est grâce aux lignes ferroviaires alpines, du S-Bahn en Suisse alémanique jusqu’à Tilo au Tessin. À propos : l’extension de l’AlpTransit au sud de Lugano «n’est pas une priorité», nous vient-on de nous dire depuis Berne.

C’est pourquoi l’association des transports et de l’environnement, toujours dans l’air du temps, même s’il lui faut avoir la patience de Job, a lancé fin septembre un référendum contre la décision parlementaire (qui précède la plus récente sur les six voies) cela représente une extension du réseau autoroutier suisse de plus de 13 milliards de francs. Le conseiller national Bruno Storni a souligné lors du débat que le projet ne prend pas en compte les progrès technologiques dans le domaine de la gestion intelligente du trafic. Selon l’ATA, l’expansion des autoroutes prévue par le Parlement est excessive, dépassée et trop coûteuse. Comme si cela ne suffisait pas, outre l’augmentation du trafic, cela entraînera également une augmentation de la pollution atmosphérique, du bruit et des émissions de CO.2. Le référendum « Encore plus d’autoroutes. Assez ! », soutenu par 24 associations et partis, a été un succès et les 72 000 signatures seront présentées en janvier.

Si la politique suisse ne s’était pas inspirée de la migration des crabes, nous aurions pu disposer d’un réseau de transports publics exceptionnel. Il convient de rappeler le projet révolutionnaire Swissmetro, présenté en 1980 par des ingénieurs suisses. Il s’agissait (et c’est parce que le projet survit) d’un métro qui devait rouler à très grande vitesse et relier Berne à Zurich en douze minutes. Le promoteur de cette idée avant-gardiste était Sergio Salvioni, avocat et conseiller des États. Dans les années 1990, Salvioni a soutenu ce projet, mais celui-ci était trop ambitieux en raison de la paresse suisse.

Et aujourd’hui, ceux qui s’opposent à une expansion radicale des transports publics optent pour l’extension des autoroutes parce que, disent-ils, les transports publics ne suffisent pas. Une blague!

Cet article a été publié grâce à la collaboration avec le blog ‘naufraghi.ch’

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