La réforme des retraites est à nouveau au centre du débat politique : le 3 mars, le peuple suisse se prononcera sur deux initiatives populaires issues de deux camps opposés. Les syndicats veulent apporter une aide financière aux retraités via une 13e rente AVS, tandis que la section jeunesse du Parti radical-libéral veut réparer le système en obligeant tout le monde à travailler plus longtemps.
Ce contenu a été publié le 17 janvier 2024 à 14h58
Donnez plus de pouvoir d’achat aux retraités en leur versant 13 mois d’AVS par an au lieu de 12 actuellement. Les syndicats et la gauche veulent profiter de l’inflation et de l’augmentation du coût de la vie pour faire passer leur initiative aux urnes.
Si le peuple vote oui, la rente de vieillesse annuelle maximale pour les célibataires augmenterait de 2’450 francs à 31’850 francs et pour les couples à 47’775 francs, soit une augmentation de 3’675 francs.
Les partis de droite et du centre ainsi que les principales organisations économiques du pays rejettent cette réforme qui, selon les estimations fédérales, coûterait près de 4 milliards par an. Le financement de ces revenus supplémentaires retomberait sur les épaules des personnes en âge de travailler, que ce soit par une augmentation des cotisations ou une augmentation des impôts, estiment les opposants au projet.
La deuxième initiative proposée par la Jeunesse libérale, qui sera votée le 3 mars, envisage de relever l’âge de la retraite à 66 ans afin d’assurer le financement à moyen terme du système de retraite. L’augmentation se ferait progressivement jusqu’en 2033 et serait liée ultérieurement à l’espérance de vie de la population.
Le texte a peu de chance de séduire la majorité des électeurs, d’autant que le gouvernement et une large majorité du Parlement s’y opposent. Le Conseil fédéral estime que le problème démographique du système ne peut être résolu simplement par un report de l’âge de la retraite.
Ce n’est certainement pas la première fois que l’on demande au peuple de décider de l’avenir des retraites. L’âge de la retraite et le financement des rentes de vieillesse sont des sujets récurrents dans la politique suisse. L’AVS participe aux élections fédérales depuis sa création en 1948.
Les débats autour de ce sujet sont souvent houleux et touchent à des questions fondamentales comme la solidarité, l’égalité entre hommes et femmes, la précarité ou le financement de la sécurité sociale.
De nombreux membres du gouvernement ont essuyé des revers dans leurs tentatives de réforme du système de retraite. Après des décennies d’âpres combats, le peuple suisse a finalement accepté en septembre 2022 de relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, pour l’aligner sur celui des hommes.
Cependant, le oui a été très serré, avec seulement 50,5 % des voix, et ce vote a clairement montré qu’il existe de grandes divisions au sein du pays. D’abord celle entre hommes et femmes, ensuite celle entre cantons latins et germanophones.
La plupart des pays développés ont introduit des mesures similaires ces dernières années. Les nouveaux retraités norvégiens et islandais sont les plus âgés parmi les économies développées. Dans ces deux pays nordiques, il faut travailler jusqu’à 67 ans pour percevoir une pension à taux plein. Leurs lois, introduites dans la seconde moitié des années 2000, ne prévoient pas de différence entre l’âge de la retraite des hommes et des femmes.
Un petit rappel: le système de prévoyance suisse repose sur ce que l’on appelle les «trois piliers»: l’assurance-vieillesse et survivants (AVS), la prévoyance professionnelle (LPP) et la prévoyance individuelle (troisième pilier).
L’AVS vise à garantir le minimum vital et est contraignante pour tous, la LPP vise à garantir le niveau de vie avant la retraite et est contraignante pour toutes les personnes salariées. Le troisième pilier est un fonds d’épargne privé, facultatif et fiscalement avantageux.
Ce système présente cependant quelques lacunes : en Suisse, une personne âgée sur cinq vit en dessous ou à la limite du seuil de pauvreté. C’est le cas de Bernard et Pierrette Apothéloz. Le couple de retraités neuchâtelois constate avec inquiétude l’augmentation du coût des soins de santé et de la plupart des services de base ces dernières années. «Nous sommes toujours en eau profonde», reconnaît Bernard Apothéloz.
En raison de cette situation, chaque année, de plus en plus de Suisses décident d’émigrer pour éviter des difficultés financières et un coût de la vie élevé. En 2022, plus de 150 000 rentes AVS ont été versées à des Suisses de l’étranger.
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