L’ambulance, le Stade de France et le dernier saut dans le noir : la finale de Gianmarco Tamberi à Paris 2024
La photo de lui dans l’ambulance avec une intraveineuse dans le bras, trois heures avant la finale, ça fait beaucoup Jeu terminé. Cependant, ce trône là, Gianmarco Tamberi il ne veut pas y renoncer sans se battre.
Il passe des tests pour voir s’il peut suivre, et sa volonté est claire : il veut être au Stade de France. Pour éviter tout doute, sur la bonne voie. Il en fait lui-même l’annonce : «Je serai là« , il est presque 17 heures.
« Depuis que j’ai quitté l’hôpital vers 16h30 et qu’on m’a dit que je pouvais essayer la compétition car je ne risquais rien de grave, J’ai senti une montée d’adrénaline en moi, une envie d’essayer, de vengeance massive. Je suis monté sur scène et je me suis dit d’oublier ces jours et de vivre cette course comme je l’ai toujours vécue, avec la même conviction, avec la même envie de le faire et de réussir, avec la conscience de tout ce que tu as fait.
Il arrive au stade parisien. Il est accueilli par une ovation, il retrouve les supporters italiens, il y a des drapeaux tricolores avec l’inscription « Forza Gimbo ». Un tonnerre d’applaudissements, il le réclame et l’obtient en guise d’échauffement. Le premier saut fonctionne. Le second ne l’est pas. Les autres, certains oui, d’autres non, placent la barre plus haut.
Il teste son saut plus que tout autre prétendant à l’or olympique. Il veut des certitudes, il cherche quelque chose qu’il sait ne pas avoir.
L’orateur appelle son nom et lui, vêtu d’un sweat-shirt et d’un sweat à capuche, révèle son visage. Il n’y a pas de demi-barbe pour les grandes occasions, ça ne peut pas exister, il n’aurait même pas pu penser à prendre un rasoir un jour comme ça.
C’est en train de charger. Deux coups dans la poitrine, un cri et les bras ouverts pour convoquer l’énergie de tout un stade tremblant de comprendre ce que Gianmarco Tamberi verra dans cette finale.
Lui qui n’a jamais failli aux rendez-vous importants, Il faut trois sauts pour franchir la première barresitué à 2,22 m.
En qualifications, déjà aux prises avec des calculs rénaux, il s’est arrêté à 2,27 m. Cette fois, il n’y arrive même pas. Trois tentatives, trois coups de canne. Au dernier moment, il se couvre le visage avec ses mains et laisse échapper ses larmes : un long câlin avec ses amis et son équipe, puis la décision de rester là pour leur donner des conseils. Stefano Sottile. Il rêvera d’occuper lui-même cette place, mais son record personnel de 2,34 m le mènera à une excellente quatrième place.
Une décision « par respect pour les adversaires » de rester là, mais surtout « en tant que grand ami et capitaine de Stefano ». [Sottile] »Le dernier endroit où je voulais être à ce moment-là était bien sûr là-bas, mais tous mes adversaires m’ont serré dans leurs bras et m’ont réconforté. Je ne sais pas s’ils le savent, mais ils imaginent ce que cela signifie. »
Il ne peut pas célébrer la médaille de son coéquipier alors que son ami Barshim remporte le bronze, derrière Kerr et McEwen, arrivés à parité parfaite avec 2,36 m et se sont qualifiés pour les barrages de sauts, le premier sortant vainqueur.
Et lui, Tamberi, qui a passé des années à courir après Paris et à remplir sa maison de tours Eiffel, voit ainsi son rêve s’effacer. Lui qui a tout donné pour cette journée ici, pour ce 10 août, qui ferait de lui la plus brillante étoile de l’athlétisme italien de tous les temps.
Mais le 10 août reste la soirée des étoiles filantes et lui, espérant tomber seul sur ce matelas, tomba avec une perche.
Trois fois de suite, avec son rêve d’être le premier à remporter deux médailles d’or olympiques d’affilée.
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