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«Les travailleurs italiens sont victimes de discrimination», a crié l’ambassadeur de Suisse.

by León Paz

Milan28 juillet 2015 – 18h19

Depuis plusieurs mois, les frontaliers du canton du Tessin sont tenus de présenter un extrait d’acte criminel. Rome : « Mesures discriminatoires ». Berne : « Réaction excessive »

Depuis Claudio Del Frate



Convoquant l’ambassadeur pour exprimer la « profonde préoccupation » de l’Italie face à la « discrimination » à laquelle sont confrontés les travailleurs italiens en Suisse. Étonnamment, le climat diplomatique entre Rome et Berne s’échauffe après qu’une note publiée hier par Farnesina appelle à une rencontre « personnelle » avec l’ambassadeur de Suisse à Rome, Giancarlo Kessler. Sur la table se trouvent les mesures prises par le gouvernement du canton du Tessin à l’égard des « frontaliers », les plus de 60 000 travailleurs italiens qui travaillent principalement dans le canton du Tessin : depuis plusieurs mois, ils doivent présenter un extrait d’acte criminel pour pouvoir pouvoir continuer à travailler.

« Mesures discriminatoires »

L’invitation est venue du secrétaire général du ministère italien des Affaires étrangères, Michele Valensise. L’Italie qualifie ces mesures de « gravement discriminatoires », qui violeraient les accords internationaux sur la libre circulation des personnes, que la Suisse a également signés en 1999. « Le secrétaire général », poursuit le communiqué, « a appelé à un engagement rapide et renouvelé des autorités bernoises pour mettre fin à une situation qui suscite un profond mécontentement en Italie. » L’ambassadeur Kessler a confirmé, selon Farnesina, que la Suisse Les autorités fédérales considèrent que de telles mesures sont incompatibles avec les obligations découlant de l’accord et ont assuré qu’il en informerait immédiatement ses autorités. En pratique, Berne a déjà « désavoué » la décision du canton du Tessin.

« Guérilla » diplomatique au Tessin

L’obligation de présenter un acte criminel pour les navetteurs italiens introduite par le canton du Tessin fait partie de la «guérilla» qui éclate sans cesse dans les régions italophones de Suisse. Les autorités de Bellinzone s’inquiètent de la présence croissante de travailleurs à bas prix originaires de Lombardie et du Piémont au Tessin, qui a augmenté d’environ 4% l’année dernière. L’obligation bureaucratique vise, d’une part, à dissuader de nouvelles arrivées et, d’autre part, à envoyer un signal au gouvernement bernois. Il y a trois ans, le canton du Tessin a gelé les impôts que la Suisse perçoit sur les salaires des frontaliers et qui doivent être transmis à l’Italie, sur la base d’un accord de 1974. L’exigence d’un extrait d’acte criminel avait déjà fait l’objet de protestations formelles. par les syndicats, les partis et aussi par le gouverneur de Lombardie Roberto Maroni, car cela aurait été une sorte de « dénonciation » contre ceux qui venaient de l’autre côté de la frontière.

La réplique suisse

« Les ambassadeurs ne sont appelés que pour des actes graves, donc je pense que c’est un geste assez fort de la part des autorités italiennes », commente Norman Gobbi, conseiller d’Etat (l’équivalent d’un conseil régional italien) pour la sécurité dans le canton du Tessin. Gobbi est considéré comme le « père » du droit, qui était au centre de la tempête diplomatique il y a quatre mois. « Mais pendant tout ce temps – souligne-t-il – personne, pas même un des 60 000 travailleurs italiens, n’a fait appel de cet engagement, signe que, à mon avis, nous sommes confrontés à une tempête politique et syndicale. Je voudrais également vous rappeler que le règlement affecte tous les citoyens de l’UE, pas seulement les Italiens. Peut-être que la Farnesina devrait envisager autre chose, par exemple étant donné que deux citoyens italiens sont emprisonnés en Inde depuis des années. » Gobbi avait décidé d’introduire l’obligation de présenter un certificat criminel pour deux Italiens qui avaient un permis de travail, mais avaient déjà été condamnés, ont été surpris et arrêtés à cause d’une série de vols dans le canton du Tessin. «Ainsi», a-t-il conclu, «sera dissuadé quiconque, grâce à l’exigence d’un extrait de casier judiciaire, de venir en Suisse pour commettre des délits.»

28 juillet 2015 (modifié le 28 juillet 2015 | 20h39)

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