«Je pense que les principaux arguments avancés par les commentateurs, tels que l’expérience de Beat Jans en tant que dirigeant, ses origines dans une réalité urbaine, le fait que Bâle-Ville n’a pas eu de Conseil fédéral depuis 50 ans, n’ont pas été décisifs dans son choix. » C’est ce qu’affirme le politologue Nenad Stojanovicqui nous avons interviewé.
Quels éléments ont alors favorisé Beat Jans et défavorisé Jon Pult ?
Lors d’une élection au gouvernement fédéral, les facteurs politiques sont avant tout décisifs. La droite n’a peut-être pas apprécié, par exemple, que Pult ait critiqué l’armée dans le passé ou qu’il appartienne à la Jeunesse socialiste, que certains députés considèrent comme un groupe aux propositions trop radicales. Une fois un candidat sélectionné, il est habillé avec d’autres éléments jugés positifs. L’élection l’année dernière d’Elisabeth Baume-Schneider, préférée à Eva Herzog bien qu’elle soit de gauche, s’explique d’un point de vue politique par la volonté du centre-droit d’exclure la candidature la plus forte du Parti socialiste.
Comment lire le positionnement de Daniel Jositsch devant le bureau ? Un signal d’insatisfaction envoyé par un ticket aux profils politiques trop similaires ?
Partiellement. Je crois surtout que l’UDC, comme par le passé, a voulu contrecarrer les plans du PS. La gauche a tenté cela à plusieurs reprises au fil des années en se concentrant sur des candidats alternatifs aux candidats démocrates officiels. Le nombre de voix obtenues par Jositsch correspond à peu près au poids de l’UDC à l’Assemblée fédérale.
Les Verts ont été « déçus » par le PS, qui n’a pas soutenu Gerhard Andrey dans l’attaque contre le siège libéral détenu par Ignazio Cassis. Quelles conséquences cela aura-t-il : le Front de gauche est-il au bord de l’effondrement ?
Je pense que l’histoire sera oubliée assez rapidement. Il était également clair pour les Verts que leur candidat n’avait aucune chance de succès. En revanche, compte tenu de l’élection du successeur d’Alain Berset, le PS ne pouvait pas se permettre de faire tomber le PLR en déclenchant une réaction négative, qui aurait consisté à voter massivement pour Jositsch. Je pense que les Verts comprennent que la situation des socialistes était difficile.
Que pouvons-nous attendre concernant le deuxième siège du PLR dans les années à venir ? Compte tenu du poids du Centre et des Verts, la formule magique est-elle encore justifiée ?
Il faut rappeler que la formule magique originelle de 1959 a pris fin en 2003 avec l’élection d’un UDC, Christoph Blocher, à la place de la PPD sortante, Ruth Metzler. Et puis en 2007 avec l’élection d’Eveline Widmer Schlumpf à la place de Blocher, alors exclue de l’UDC. Il y a eu une période d’instabilité jusqu’en 2015, qui a repris avec l’élection du deuxième député démocrate, Guy Parmelin. Nous risquons désormais d’entrer dans une nouvelle phase de troubles. Ce n’est un secret pour personne, le jour où un représentant du PLR démissionnera, le Centre – qui compte déjà plus d’élus à l’Assemblée fédérale que les libéraux – présentera son propre candidat. Cependant, il n’est pas certain qu’il puisse obtenir le deuxième siège. Déjà en 2009, lorsque le libéral Pascal Couchepin avait démissionné, le PPD avait proposé un candidat fort, mais celui-ci n’avait pas été soutenu par l’ensemble de la gauche. Prenons le cas d’un duel entre le Plr Alex Farinelli et le représentant du Centre Fabio Regazzi pour la position de Cassis : je peux difficilement imaginer que la gauche soutiendrait Regazzi, étant donné ses positions de droite et conservatrices.
Beaucoup critiquent le fait que le Conseil fédéral ait atteint ses limites en termes d’efficacité ces dernières années, malgré une période très difficile. Partages-tu?
Je pense que le Conseil fédéral s’en sort assez bien face à la pandémie par rapport à d’autres gouvernements. Il a trouvé un équilibre sain entre la préservation des libertés individuelles et la protection de la population. Mais il y a un dossier en particulier qui manque clairement d’un leadership clair : celui européen. Il sera intéressant de voir s’il y aura un remaniement et, surtout, la grande question est de savoir si Cassis restera au ministère des Affaires étrangères.
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