Que fera Macron ?
(Alessandra Coppola, de Paris) Et s’il avait raison ? Si le titre de la dissolution de la réunion du 9 juin dernier dans la solitude après le résultat des élections européennes s’était révélé être… Coup de Théâtre?
Depuis son retrait de l’Elysée, Emmanuel Macron ne dit rien et laisse imprégner son entourage l’appel à la « prudence », car les résultats ne disent pas « qui doit gouverner » et il faut attendre que le Parlement se « structure ». « pour prendre les décisions nécessaires ». Mais il souligne que « le bloc centriste est vivant ». L’ensemble présidentiel aurait remporté entre 150 et 170 sièges devant le Rassemblement National. Un frein à l’extrême droitequi a rejeté le vote pour Strasbourg ; une accélération pour le « bloc républicain » qui venait de surgir pour créer une barrière. Jean-Luc Mélenchon prend rapidement la parole et, fort du succès du Nouveau Front populaire auquel il appartient, le met en garde de ne pas crier victoire, d’accepter la relégation et de le nommer immédiatement à la tête du gouvernement par un gauchiste (lequel ?) ou sortir; Mais au début de la nouvelle « Assemblée plurielle » aux multiples couleurs, peut-on dire que Macron avait tort ?
« On pourrait dire ça », répond-il courrier Nathalie Schuck, analyste politique connue de l’hebdomadaire Le Point« ce qui a provoqué une catastrophe : il avait dissous le Parlement pour arranger les choses, et maintenant. » Nous nous trouvons dans une situation qui est tout sauf claire. Ce système a toujours prouvé sa solidité, il a résisté à Mai 68, il a résisté aux gilets jaunes et le président l’a jeté dans le désarroi. Cela n’était jamais arrivé en France. Il existe également un risque de dégradation de la sécurité, car dix millions d’électeurs se sentent floués. Malgré les résultats du second tour, la vague du Rassemblement National ne peut être ignorée.»
Invisible, silencieux et incompris, Macron s’est égaré au cours de la dernière et très longue semaine entre le premier et le deuxième tour de cette politique qu’il ne voulait que. On dit que c’est le parti qui lui a demandé de ne pas comparaître pour ne pas alourdir une campagne électorale déjà difficile ; Ils prétendent qu’il a eu du mal – il était premier de sa promotion et toujours prêt à s’exprimer – à se positionner, oscillant entre l’aile la moins malléable du ministre de l’Economie Bruno Le Maire et les infatigables partisans de la dissidence.
Ils parlent du gel avec le jeune premier ministre qu’il voulait, Gabriel Attal, qui s’est poussé à bout d’un coin de la France à l’autre, convainquant ses propres hommes de reculer s’il le fallait pour arrêter Le Pen. Ils lui reprochent d’insister sur l’ambiguïté de ce « grand front démocrate et républicain », qu’il n’a jamais ouvertement défini. Pas de sortie publique, pas de vue.
Dernière photo joyeuse le 30 juin avec une écharpe et un chapeau bleu clair, main dans la main avec son épouse Brigitte, probablement la seule qu’il ait entendue parmi ses conseillers, dans les rues du Touquet sur l’Atlantique.
Fin des vacances. Il y aura désormais une très longue période de négociation à laquelle Paris n’a jamais été habitué et dont Macron devra inévitablement être la cheville ouvrière. Quand reviendra-t-il au combat ?
Le Premier ministre Gabriel Attalcomme c’est l’usage sous la Ve République, démissionnera ce matin. Mais il est probable que le président ne l’acceptera pas. Par ailleurs, Attal lui-même a déclaré dans son discours d’hier soir qu’il était prêt à « rester en fonction aussi longtemps que nécessaire ». « Notre pays est sur le point d’accueillir le monde » : il le restera presque certainement jusqu’après les Jeux olympiques de Matignon.
Donner la place à qui ? « Aucune majorité absolue ne peut être menée par les extrêmes. Attal semble revenir dans la course car le rapport de force a tenu, nous avons trois fois plus de sièges que prévu, nous sommes debout. » Dès demain, plus que jamais, l’accent sera mis sur la volonté du Parlement français. Mais comment réussir à rassembler dans cette confusion un nombre suffisant de députés pour soutenir un gouvernement ?
Un indice de la méthode est donné par l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne, réélue dans sa circonscription grâce au rejet de la France insoumise, et interviewée par France 2 : « Il faut désormais travailler avec tous ceux avec qui nous avons partagé les valeurs républicaines. » . L’heure du compromis est venue.
Les observateurs estiment que c’est justement là le point faible de Macron : partager, transiger, écouter. Au cours des deux dernières années, il a souffert comme jamais auparavant parce qu’il n’y avait pas de majorité absolue et donc de capacité à prendre des mesures à grande échelle. Jusqu’à la dissolution.
La seule certitude désormais pour le président est la coexistence. Ce ne sera pas l’extrême droite de Marine Le Pen, peut-être que ce ne sera pas la gauche radicale malgré les discours de Mélenchon, mais ce sera quand même quelqu’un qui n’appartient pas au château de la Macronie.
Qui est officiellement assiégée à partir d’aujourd’hui.
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