17 février 2022 09h54
Le retrait des troupes françaises du Mali, annoncé le 17 février, marque la douloureuse fin d’un cycle et un saut dans l’inconnu. Le cycle est celui de l’intervention militaire française, qui a commencé avec succès en 2013 lorsqu’elle a stoppé une colonne jihadiste se dirigeant vers Bamako et s’est terminée avec un sentiment d’échec et de mission non remplie. Mais c’est aussi, plus largement, celui des grandes interventions militaires occidentales.
Au Mali, la France paie la distance entre le succès de tactiques telles que l’élimination systématique des chefs jihadistes et le sentiment d’insécurité de la population dans une zone du Sahel en pleine expansion, entre les moyens d’une grande armée occidentale et les sentiment d’impuissance face aux massacres répétés.
La France a été dépassée par l’accélération des événements et est contrainte de partir aujourd’hui sous la pression. La détérioration des relations avec la junte militaire malienne et l’hostilité populaire croissante ont conduit à la fin de la présence française. Les mercenaires russes de Wagner ont simplement porté le coup de grâce.
Les dirigeants français l’ont répété à plusieurs reprises : l’armée française ne quittera pas le Sahel, où le jeu sécuritaire est devenu d’autant plus important qu’il s’étend à des pays plus méridionaux comme la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin.
Pourtant, personne ne songe à proposer un dispositif similaire à celui de l’opération Barkhane, uniquement française, et de la force Takuba, en collaboration avec plusieurs pays européens. D’abord parce que les pays de la région n’en veulent pas (compte tenu de l’humeur de la population), mais aussi parce que la France ne veut pas répéter les erreurs du passé.
Il est difficile d’ignorer que toutes les grandes interventions militaires occidentales des vingt dernières années ont échoué
Ainsi, comme l’a confirmé un responsable, les armées françaises opéreront « sous le radar », c’est-à-dire moins visibles. Mais seront-ils aussi plus efficaces ? C’est la grande inconnue qui définira la sécurité dans cette partie de l’Afrique pour les années à venir.
Moins d’armées et plus de politique : celle du 16 février Coalition de groupes de la société civile de la région Il a appelé à « une véritable vague civile pour s’attaquer aux causes profondes de la crise au Sahel et mieux protéger la population ».
Dans tout cela, comme mentionné, nous assistons également à la fin d’un cycle plus large. Il est difficile d’ignorer le fait que toutes les grandes interventions militaires occidentales des vingt dernières années, de l’Afghanistan à l’Irak, de la Libye au Mali, ont échoué. « Fini le temps où un État pouvait être écrasé sous un tapis de bombes, majoritairement américaines mais aussi un peu françaises, avant qu’une puissance occupante ne se lève », écrit le colonel français Michel Goya dans Le Temps des Guépardsun livre consacré à la longue histoire de fonctionnementCommerce extérieur de la France.
Ce constat explique le contexte dans lequel la France et l’Europe tentent aujourd’hui à Bruxelles de changer le paradigme des relations avec les pays du continent africain : un équilibre complexe entre des questions sécuritaires non résolues et un discours plus égalitaire et respectueux.
Le 16 février au soir, le président français Emmanuel Macron s’est exprimé sur l’Afrique lors d’une rencontre avec Station F, un conglomérat de startups basé à Paris. Macron a décrit avec enthousiasme une nouvelle ère à inventer entre les deux continents. Peu de temps après, il a participé à un petit sommet pour résoudre le fossé sécuritaire au Sahel. Un écart évident avec lequel l’Afrique et l’Europe devront encore longtemps vivre.
(Traduction d’Andrea Sparacino)
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