Dans la géographie sociale du Brésil, qui se prépare à l’élection de son nouveau président, un fait est particulièrement surprenant : plus de 50 % de la population vit sans système d’égouts adéquat et efficace ni approvisionnement régulier en électricité. C’est le manque chronique de ce qu’on appelle « l’assainissement de base » en portugais, une urgence qui touche plus de 120 millions de Brésiliens, selon une récente étude commandée par le Parlement.
La situation est la plus critique dans les favelas, des lotissements aux conditions très précaires qui émergent à la périphérie des grandes villes. Certaines d’entre elles, comme la favela Moinho à Sao Paulo, sont au cœur de la ville et subissent depuis longtemps la pression de la spéculation immobilière. De grandes entreprises de construction ciblent ces terres pour créer de nouvelles zones résidentielles. Les habitants des favelas n’ont pas de certificats de propriété pour leurs maisons. Des milliers de familles y vivent aussi, ce sont des quartiers « invisibles », sans adresse ni code postal, constamment menacés d’être supprimés par les autorités. Ils souffrent également d’un climat d’hostilité et de préjugés de la part de la société et de la police, qui pillent constamment les favelas pour des opérations anti-drogue.
La pandémie avec la crise économique qui en résulte a contraint de nombreuses familles à se réfugier dans les bidonvilles, aggravant les problèmes de surpeuplement. La classe politique ne prête attention aux favelas que pendant la campagne électorale. Avant les élections, les candidats de tous bords défilent et promettent n’importe quoi pour des votes, mais immédiatement après la reddition et l’humiliation, ils continuent, reflétant un pays incapable de résoudre ses contradictions sociales stridentes.
« Beaucoup d’entre nous – explique Alessandra Moja, présidente de l’Association des voisins de Moinho – vivons ici depuis trente ans, nous ne pouvons plus accepter cette situation précaire. » Après des années de demandes légales et de recherches, ils ont finalement réussi à installer l’eau courante, mais il manque encore un plan d’électricité et d’égout. « La constitution brésilienne garantit à tous les citoyens l’accès à un logement décent, nous ne nous lassons pas de résister et de lutter pour une vie meilleure. »
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