La célèbre photographe franco-suisse Sabine Weiss est décédée mardi à l’âge de 97 ans à Paris. L’artiste a su perpétuer la vie simple des gens sans exercer aucune influence. Malicieuse et rigoureuse, connue aussi pour ses photos de mode publiées dans Vogue et dernière élève de l’école humaniste française : Sabine Weiss est décédée mardi 28 décembre à l’âge de 97 ans dans sa maison parisienne.
Comme Doisneau, Boubat, Willy Ronis ou Izis, elle perpétue la vie simple du peuple, mais sans revendiquer d’influence. Elle aimait capturer ça « Morveux », cette « Mendiant » et le « Petit sourire » croisé dans la rue.
« Je n’ai jamais pensé à faire de la photographie humaniste. Une bonne photo doit être touchante, bien composée et bien rangée. La sensibilité des gens doit être évidente »dit-elle à La Croix.
Environ 160 expositions dans le monde
Lauréate du Women in Motion Photography Prize 2020, Sabine Weiss a fait l’objet d’environ 160 expositions à travers le monde.
Pionnier de la photographie d’après-guerre, ce technicien hors pair aux parcours diversifiés, tant en couleur qu’en noir et blanc, est né en Suisse avant d’être naturalisé français en 1995.
Une personnalité discrète et moins connue du public que les autres photographes de son époque « Démarcation » en tant que femme, voulait s’établir « Un dialogue constant » avec son sujet, considère la photo comme » une amitié « .
« Les gens qui me connaissent sont ceux qui aiment mon look »a-t-elle dit à propos de France Inter. « Je suis compatissant ».
« Je n’attends jamais »
Le Paris d’après-guerre a commencé sa carrière. Là, vers les années 1950, elle déambule souvent dans la capitale la nuit avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss (le couple adoptera une fille) pour figer des instants fugaces : ouvriers en action, baisers secrets, va-et-vient dans le métro. . « La capitale, alors baignée la nuit, dans un beau brouillard ».
Dans ces images les enfants sont très présents, comme ce radieux petit Égyptien immortalisé en plein air. « C’est un défi, il faut être rapide et je n’attends jamais ! « .
Comme elle l’appelait « Mes photos de gosse », sourires, jeux ou pitreries dépendent de visages sales avec des vêtements déchirés. « C’est amusant de jouer avec les enfants des rues »dit-elle, souhaitant avoir été témoin de son temps et dénoncer l’injustice.
Née Weber le 23 juillet 1924 à Saint-Gingolph sur le lac Léman, Sabine Weiss achète son premier appareil photo avec son argent de poche à l’âge de 12 ans. Pas à l’école, elle apprend le métier à 16 ans dans un célèbre atelier genevois.
Arrivée à Paris en 1946, elle travaille pour le photographe de mode Willy Maywald. L’année de leur mariage, 1950, elle ouvre son atelier dans le 16e arrondissement, tandis que Doisneau lui fait découvrir Vogue et l’agence Rapho (aujourd’hui Gamma-Rapho).
Elle imprègne les milieux artistiques, mettant en scène Stravinsky, Britten, Dubuffet, Léger et Giacometti. Elle travaillera et réussira dans plusieurs registres : reportage (elle voyage beaucoup), publicité, mode, spectacle, architecture.
« J’ai tout fait sur la photo », a-t-elle confié à l’AFP 2020. « Je suis allé dans des morgues, dans des usines, j’ai photographié des gens riches, j’ai pris des photos de mode… Mais il ne reste que des photos que j’ai prises pour moi en cavale. ».
« Prendre une photo! »
Préférez la sobriété en toutes choses « Des choses très lumineuses », il répond aux commandes des grands magazines (Newsweek, Time, Life, Esquire, Paris-Match, etc.).
La féconde et généreuse Fondation Sabine Weiss a légué 200 000 négatifs et 7 000 tirages contact au Musée de l’Elysée à Lausanne en 2017. « Je ne sais pas combien de photos j’ai prises, confiait-elle à l’AFP en 2014, mais cela ne veut pas dire grand-chose. ».
Dans la même interview, elle s’est étonnée – sans nostalgie – de la révolution numérique : « C’est super, ça rend la netteté, le temps de pose, les objectifs sont magnifiques ».
Pour le moment, « Les gens ne photographient pas tellement autour d’eux, mais eux-mêmes », l’observait-elle en 2020 auprès de l’AFP, faisant allusion aux selfies.
Pour eux, ce sont autant de traces de vie qu’il faut préserver dans le temps. « Il faut dire aux gens : prends des photos, prends des photos des gens, des choses qui t’entourent. Dis-le! «
Avec l’AFP
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