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En Suisse, l’argent « sale » finit désormais dans le coffre-fort

by Javier Tejera

Milan13 avril 2015 – 18h45

La police de Lugano fait état d’un essor du phénomène suite à l’accord fiscal avec Rome. Et 51% des délits financiers sont commis par des Italiens

Depuis Claudio Del Frate



Après la conclusion de l’accord (fiscal), la tromperie a été découverte. L’art italien de joindre les deux bouts est également reconnu à l’étranger et apparaît dans le rapport annuel de l’Unité de lutte contre la criminalité économique et financière (Ref) de la police de Lugano. Que dit le budget 2014 de ce que l’on pourrait – en s’étirant un peu – appeler la Guardia di Finanza du canton du Tessin ? Deux éléments fondamentaux: d’une part, l’essor de la location de coffres-forts par les sociétés financières et fiduciaires, où trouve refuge l’argent «noir» que les banques suisses ne veulent plus accepter; Deuxièmement, plus de la moitié des délits financiers découverts dans le canton du Tessin l’année dernière (51% pour être précis) portent la « signature » de citoyens italiens.

La « zone grise » des administrateurs

Le phénomène des casiers devenus dépositaires d’innommables secrets n’est pas nouveau, mais il a dû reprendre de l’importance si l’arbitre – même s’il ne donne pas de chiffres précis – ressent le besoin d’y faire référence en détail dans son rapport annuel. Il est dit ici : « Il existe une forte demande de la part des clients qui ne veulent pas ou ne peuvent pas enregistrer leurs avoirs auprès du bureau des impôts. Il s’agit d’un phénomène croissant qu’il est urgent de réguler… De plus en plus de personnes travaillent dans le secteur fiduciaire, presque toujours des étrangers sans permis d’exercice de la profession et sans adhésion à un organisme d’autorégulation, qui commettent des séries des infractions pénales et fiscales. A la base, on trouve des clients italiens qui veulent échapper à l’esclavage fiscal de leur pays, mais une fois qu’ils ont obtenu un permis de séjour au Tessin, les résidents tessinois aussi. Comme on le sait, les banques suisses adoptaient depuis plusieurs années la « stratégie de l’argent propre » et avant même la signature de l’accord fiscal entre Rome et Berne en février dernier, rejetant les fonds non déclarés de l’étranger au fisc du pays de origine. Sans le solide soutien des banques, les fraudeurs et les exportateurs de devises auraient trouvé refuge dans la zone grise des sociétés fiduciaires moins contrôlées : si l’on en croit les gendarmes fiscaux tessinois, le fleuve karstique de l’argent incalculable finirait par y couler.

« Italie, taux de criminalité élevé »

Les piqûres d’aiguille contre l’Italie ne s’arrêtent pas là. L’arbitre souligne également qu’une grande partie du travail effectué auprès de leurs agents était effectuée par des « clients » du Bel Paese : en effet, 51% des personnes signalées en 2014 avaient un passeport italien, contre 39% des Suisses. La glose suivante ne laisse aucun doute : « De nombreuses enquêtes liées au secteur financier et parabancaire – dit la note REF – sont basées sur des faits ou des personnes liés à l’Italie, l’un des pays européens avec le taux de criminalité le plus élevé de la période. » Les changements majeurs pour la Suisse liés aux conventions fiscales, au secret bancaire et à la nouvelle structure des relations financières internationales créent une incertitude dans le monde économique et financier et conduisent certains opérateurs à des comportements illégaux. Les principaux éléments de ce scénario sont « la poursuite de la crise en Europe, le démantèlement progressif du secret bancaire et les incertitudes sur les accords fiscaux sur l’échange d’informations financières entre l’Italie et la Suisse ».

13 avril 2015 | 18h45

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