« Je n’ai pas vraiment retrouvé ma confiance. Je trouve complètement inutile de devoir reconstruire quelque chose si tout allait bien. » Selon le skieur français Clément Noël, interviewé par L’équipe, sa huitième place au slalom de Wengen (Suisse) dimanche 16 janvier ne l’a guère convaincu. Et le doute est encore dans sa tête lorsque le slalom de Kitzbühel (Autriche) se déroule le samedi 22 janvier.
Pourtant, la saison avait bien commencé pour le meilleur slalomeur tricolore, vainqueur le 12 décembre 2021 dans sa maison d’adoption de Val-d’Isère. « Le départ était bon, j’ai très bien skié en début de saison. Puis ça s’est mélangé. » l’analyser pour Le monde.
« Je ne l’avais jamais vu aussi bien skier lors des deux premières courses, un championnat incroyable », note le double champion du monde Jean-Baptiste Grange.
En Italie, après avoir dominé le premier tour et écrémé le second tour, les Vosgiens ont raté le dernier but, équivalent à un zéro pointé au classement. « C’est frustrant, dur à encaisser quand on a le ski dans les pattes », observe Sébastien Amiez, vice-champion olympique de la spécialité 2002 à Salt Lake City.
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« Je fais tout le temps des erreurs »
Malgré la frustration, le moral était toujours au rendez-vous pour le grand (1,91 m) qui a disputé les quatre premières manches de la saison (deux manches par course). « un ski extraordinaire supérieur à tous les autres », d’après Sébastien Amiez.
Mais quinze jours plus tard, début janvier, Clément Noël enchaînait très vite la première manche à Adelboden (Suisse), où il avait pourtant décroché son premier podium en Coupe du monde en 2019 (2e). « Cela m’a toujours profondément touché il est d’accord. Je n’étais pas sûr à 100% de mon ski. »
L’échec de Madonna di Campiglio prend alors une toute autre dimension. « Il n’y a pas de surprises, il ne faut pas se considérer comme quelqu’un d’autre… D’accord, j’ai gagné une course, mais à part ça, je fais tout le temps des erreurs. », qu’il a libéré après son échec en Suisse.
Des doutes surgissent, rappelant des souvenirs d’une saison 2020-2021 mitigée. Le Français attendait le huitième slalom fin janvier pour lever les bras. Surtout, il avait commis quatre erreurs – y compris dans le parcours de la Coupe du monde (21e, dernier temps des skieurs jugés). Ce manque de régularité l’avait privé du petit ballon de slalom, deuxième au général comme lors des deux saisons précédentes.
travail normal
A l’intersaison, sa principale occupation était de descendre plus souvent au fond pour progresser sur les pentes marquées par les passages des skieurs devant lui. « J’ai un peu travaillé dans les trous car je savais que c’est là que j’aurais le plus de problèmes dans les deuxièmes manches. », a-t-il avoué début octobre 2021.
Pour le skieur de 24 ans, les erreurs vont de pair avec une technique dévouée. « Il a un ski en danger », explique Jean-Baptiste Grange, le dernier Français à avoir remporté la Coupe du monde de slalom en 2009. « Si vous conduisez vite, vous avez plus de chances de descendre, à cheval, alors que si vous ne conduisez pas bien, vous franchissez toujours la ligne d’arrivée », image Sébastien Amiez, également vainqueur du bullet slalom 1996.
« Le slalom est, a été et sera toujours la discipline la plus aléatoire du ski alpin. Donc ce n’est pas spécifique à Clément, soutient Julien Lizeroux, vice-champion du monde de la discipline en 2009. Il faut prendre des risques pour jouer devant et cela conduit à des erreurs. »
Le niveau du slalom mondial cette année est tel que chaque skieur au départ ne peut rien espérer sans un engagement total, en prenant le risque « Fin 25e », note Jean-Baptiste Grange. « On sent un changement dans la hiérarchie avec un vainqueur différent à chaque course », raconte Sébastien Amiez, également consultant chez RMC Sport.
Les autres favoris souvent sur le tapis
L’Autrichien Johannes Strolz a réalisé le rare exploit de s’imposer à Adelboden avec le numéro 38. Une semaine plus tard, le jeune Norvégien Lucas Braathen (21 ans) est entré dans l’histoire en réalisant le plus gros retour pour sa victoire sur Wengen malgré les 29 de la deuxième manche.e premier mandat.
Les principaux concurrents de Clément Noël ne font pas exception : le leader de la coupe du monde de slalom, le Norvégien Sebastian Foss-Solevaag, disputé à Adelboden, le Suisse Daniel Yule à Madonna di Campiglio, le Suédois Kristoffer Jakobsen à Adelboden et Wengen dans une course que le Norvégien Henrik Kristoffersen a dominé avant de se retirer avec quelques portes à faire.
Il reste encore cinq slaloms à disputer et la boule de cristal de la discipline est loin d’être terminée. Clément Noël, sixième du classement, n’a que 48 points de retard sur Sebastian Foss-Solevaag (une victoire vaut 100 points). « Personne n’a fait un début de saison parfait, c’est une bonne nouvelle, garde le tricolore. Ce qui est certain, c’est que rien n’est perdu. »
« Le vrai ski »
A moins d’un mois des JO de Pékin (le slalom est prévu le 13 février), quelle stratégie doit-il adopter pour les prochaines courses ? Continuer ce ski dédié ou reprendre confiance avant la fermeture de la saison principale, quitte à aller contre sa nature ?
Le skieur de Val-d’Isère a opté pour la deuxième option à Wengen. Pour l’entendre chaud, on ne le reprend pas. « J’ai peut-être un état d’esprit stupide, mais j’aurais préféré skier correctement pour gagner la course et sortir plutôt que de faire ça. » Quelques jours plus tard, l’ambition reste la même : « Je veux gagner des courses, pas construire pour construire. »
En Autriche, à Kitzbühel, samedi 22 janvier, puis Schladming, mardi 25 janvier, Clément Noël retrouve des circuits mythiques, mais surtout il apprécie cela : deux podiums sur le premier, dont une victoire en 2019, et une deuxième place sur le second.
« Il peut gagner les deux Jean-Baptiste Grange, qui a réalisé le doublé en 2011, veut y croire. C’est la meilleure chose en slalom quand il arrange tout, que ce soit la victoire ou le podium. » Le moment ne pouvait pas être mieux choisi pour trouver la caisse.
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