Comment diable financer les retraites ?
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Étrange mais assez remarquable comment l’économie, en particulier en Suisse, s’est remise du choc de la pandémie. Nous sommes sur le point de retrouver les taux de croissance et d’emploi d’avant la crise, avec pour conséquence naturelle que les prix augmentent presque partout, alors qu’il y a peu cela contrastait avec l’absence d’inflation qui inquiétait les autorités monétaires.
Par coïncidence, la pénurie de main-d’œuvre, dont on aimerait presque autant se réjouir que d’éloigner le spectre du chômage, coïncide avec l’urgence toujours plus grande de trouver des sources de financement pour les retraites.
Car le vivier dans lequel nous avons l’habitude de puiser les fonds nécessaires à l’AVS et même indirectement au 2e pilier continue de se rétrécir précisément à cause d’un ralentissement, sinon d’une réduction du potentiel d’emploi, puisqu’il s’agit de prélèvements sur salaire. financement disponible.
Nous craignons que les revenus du travail ne puissent plus être taxés plus lourdement, alors que la part de la valeur ajoutée représentée par les autres facteurs de production (essentiellement le capital physique aux mains des capitalistes financiers) continue d’augmenter. Ce déséquilibre s’accentuerait avec l’évolution démographique : il y aurait de moins en moins d’actifs pour financer les retraites d’un nombre croissant de retraités.
La recherche de nouveaux modes de financement des retraites reste d’actualité et nous sommes curieux de voir quels seront les résultats des débats parlementaires.
A long terme, pas question. Mais dans l’immédiat, ce sera différent. Premièrement, il est faux de penser que la part du travail dans le revenu total a diminué. En tout cas, elle n’a cessé d’augmenter en Suisse : entre 1990 et 2021, la rémunération des salariés est passée de 54% à 60% du revenu national brut*. A plus longue distance, la tendance est moins nette. Par exemple, de 1920 à 2008, l’indice des salaires réels a augmenté moins rapidement que le PIB par habitant**. La guerre, les crises pétrolières et les récessions ont fait la différence.
Il n’est donc pas vrai que le progrès technologique détruise des emplois, comme le craignaient ceux qui proposaient de taxer les robots. Au contraire, il semble que la généralisation de leur utilisation s’accompagne d’une augmentation de la demande de main-d’œuvre, tant dans les pays les plus robotisés (principalement le Japon) que dans les secteurs qui y ont le plus recours. Les gains de productivité qu’offre l’automatisation augmentent l’utilisation du travail, plutôt que de le contraindre.
Le fait demeure, bien sûr, que rien de tout cela ne diminue la pertinence des arguments en faveur de la montée des inégalités et des bas salaires de la plupart des emplois nouvellement créés. La recherche de nouveaux modes de financement des retraites reste donc d’actualité et nous sommes curieux de voir quels seront les résultats des débats parlementaires.
Augmenter à nouveau la TVA ? Taxation des transactions financières comme le suggérait James Tobin ? Taxer les propriétés plus haut (le plus facile puisqu’elles ne bougent pas) ? À la chasse aux échappatoires de toutes sortes, ces échappatoires que les souverainetés cantonales autorisent contre leur gré ? Il n’y a pas de limites à l’imagination en matière de fiscalité.
* Sources des données : SECO et BNS (PIB selon l’approche des revenus et revenu national brut)
** La croissance de l’économie suisse depuis 1920 (La Vie économique 1/2-2010)
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