Tel un boxeur frappé par un uppercut inattendu, Alain Berset en ressent le coup ces derniers temps. Une affaire sentimentale qui a mal tourné est revenue à la une des journaux, même si la justice lui a donné raison. Les résistants à la vaccination ont également multiplié leurs manifestations bruyantes, dont certaines ont conduit à des affrontements avec la police. Conséquence : L’UDC, hyperactive sur ces deux fronts, continue de dénoncer la « dictature sanitaire » en vigueur en Suisse et accroît encore la pression sur le Conseil fédéral chargé de faire face à la crise du coronavirus.
Dans ce terrain miné de la santé, Alain Berset peut donc célébrer la baisse de prime annoncée mardi comme une victoire politique majeure. Une victoire d’autant plus réjouissante que son bilan de dix ans à la tête du Département fédéral de l’intérieur (DFI) est bien maigre. On se souvient de sa cuisante défaite en 2017 sur Retraites 2020, la réforme des premier et deuxième piliers qu’il avait patiemment enchaîné avec le Parlement pendant cinq ans.
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Entendu un message
Avec les primes, en revanche, le ministre de la Santé a bien manœuvré. L’an dernier, il avait tiré la sonnette d’alarme, avertissant les fonds que leurs réserves, soufflées par une bourse euphorique, avaient atteint « des niveaux beaucoup trop élevés ». Mais au lieu de leur imposer des mesures contraignantes, il s’est appuyé sur le caractère volontaire des assureurs par le biais d’une révision en douceur de l’ordonnance sur la surveillance de l’assurance maladie. Soutenu par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) qui a enjoint aux compagnies d’assurances de calculer leurs primes « au plus juste », son message est finalement passé, même si le fichier des réservations reste explosif, toujours en hausse de 1,1 milliard en une année!
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Maîtrisez le coût
Chute des primes au milieu d’une pandémie? On pourrait penser que tout va pour le mieux dans le système de santé suisse. C’est loin d’être le cas, et c’est pourquoi Alain Berset s’est occupé de tout triomphalisme ce mardi. Afin de réduire les dépenses de santé à moyen et long terme, le Conseil fédéral a adopté deux trains de mesures, notamment en introduisant un objectif de maîtrise des coûts. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la quasi-totalité de ces réformes sont au point mort. Les assurances, les médecins et les patients craignent que les assurés soient privés du libre choix du médecin. Et le prix de référence des génériques, qui aurait dû rapporter 400 millions d’économies, a pour l’instant échoué au Parlement.
Alain Berset a gagné. Mais penser que la lutte contre la flambée des coûts des soins de santé a perdu une partie de son urgence compte tenu des bonnes nouvelles concernant les primes de 2022 serait une énorme erreur.
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