Le 22 janvier 2022 à 14 h 57 remplacé par le 22 janvier 2022 à 18 h 44
L’abbé Pierre, dont on fêtera le 15e anniversaire le samedi 22 janvier, était un prêtre catholique français surtout connu comme le fondateur du mouvement Emmaüs. Mais il a fait beaucoup d’autres choses. Voici sept choses à retenir sur le parcours de l’un des hommes les plus respectés de France au XXe siècle.
1. Il a passé la majeure partie de la guerre dans la résistance
L’abbé Pierre est né Henri Grouès à Lyon en 1912 dans une riche famille de marchands de soie. Mais après un « coup de foudre avec Dieu » lors d’un pèlerinage à Rome, il voulut prendre les ordres. Il fit vœu de pauvreté et fut ordonné prêtre en 1938. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé mais ne combat pas car il souffre d’une pleurésie. A Grenoble, où il est vicaire, il commence à accueillir des enfants juifs. En 1943, il fait venir en Suisse le frère cadet du général de Gaulle. Il crée et dirige les Maquis du Vercors et de la Chartreuse. Dans la clandestinité, il se fait appeler « l’abbé Pierre ».
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2. Un député en soutane
Après la guerre et sur les conseils de l’entourage du général de Gaulle, il entre en politique. Il est élu député trois fois de suite, d’abord lors des deux assemblées constituantes puis lors des premières élections législatives de la IVe République. Il était d’abord dans un parti chrétien-démocrate centriste, puis en 1950 il est devenu chrétien-socialiste. Il s’est présenté aux élections en 1951 mais n’a pas été réélu. A noter qu’il était assis en soutane et portait sa croix fétiche, celle d’aumônier de marine. En 2006, il revient au Palais Bourbon en tant que spectateur pour critiquer l’examen minutieux des modifications législatives destinées à assouplir la loi sur le logement social.
3. La constitution des communautés Emmaüs
En 1949, il fonde le Mouvement Emmaüs (à l’imitation de l’apparition de Jésus ressuscité des morts avec deux pèlerins le matin de Pâques aux abords de la ville d’Emmaüs près de Jérusalem) : organisation laïque de lutte contre l’exclusion, financée notamment grâce à la récupération et à la réutilisation. Les Compagnons Emmaüs sont des personnes dans le besoin qui trouvent un abri et une aide à la réinsertion.
4. La bataille de l’hiver 54
La France a été frappée par deux vagues de froid très sévères en 1954 : -21 degrés à Mulhouse, -13 à Paris et même -30 à Wissembourg dans le Bas-Rhin. L’abbé Pierre appelle Radio-Luxembourg (future RTL) à appeler à « l’émeute de la bienveillance » et à protéger les sans-abri qui meurent de froid. Une grande vague de générosité s’ensuit et la somme de 500 millions de francs (dont 2 millions de Charlie Chaplin) est levée pour la construction d’abris d’urgence. Cette lutte a également permis le vote de la loi interdisant les expulsions de locataires pendant la période hivernale.
5. Il était la personnalité préférée des Français
Avec ce combat, l’Abbé Pierre devient une personne connue de tous et facilement identifiable, avec son béret et sa cape offerts par les sapeurs-pompiers de Paris. Il a été élu 17 fois dans le top 50 du Journal du Dimanche comme personnalité française préférée. En 2003, il a demandé son retrait parce qu’il pensait que c’était « à la fois une arme à feu et une croix ». Il veut donner de l’espace aux jeunes, ajoute-t-il. C’est Zinedine Zidane qui prend le relais.
6. Il est devenu une inspiration parmi les rappeurs
Le personnage de l’Abbé Pierre et son combat sont devenus très populaires auprès des rappeurs contemporains : Nekfeu reprend un des discours de l’Abbé Pierre dans sa pièce Nique les clones, Pt. II; Et chaque année, la Fondation Abbé Pierre, qui lutte contre le mal logement, fait appel à des rappeurs pour parrainer leur club. Des concerts caritatifs sont organisés, réunissant notamment Fianso, un artiste dévoué, mais aussi Rim’K ou Vald. Un article du Monde de 2015 relatant cet événement disait : « En 2014, lors du premier concert de l’Abbé Road, lorsque le portrait de l’Abbé Pierre a été montré avant le concert, le public a chanté ses Noms avec la même intensité que leurs idoles. »
7. La controverse de Garaudy
En avril 1996, l’abbé Pierre soutient le négationniste Roger Garaudy après la publication de son livre Les mythes fondateurs de la politique israélienne, dans lequel l’auteur affirme que les Juifs ont inventé l’Holocauste pour justifier l’expansion d’Israël. Garaudy est une connaissance de longue date du fondateur d’Emmaüs et explique plus tard qu’il a agi par amitié. Dans une interview accordée à un journal italien en réponse à la polémique, il a déclaré que la presse française était « inspirée par un lobby juif international ». Ces déclarations ont peu d’écho en France.
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