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James Webb : technologie suisse et temps d’observation

by Reina Escarcega

Pour les astrophysiciens, le lancement du télescope spatial James Webb (JWST) prévu samedi depuis Kourou, en Guyane française, est le meilleur cadeau de Noël. Plusieurs groupes de recherche suisses attendent avec impatience d’approfondir le cosmos.

À l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), l’équipe d’Adrian Glauser a participé au développement de l’un des quatre instruments à bord du JWST, le Miri Mid-Infrared Spectro-Imager (Mid Infrared Instrument). Les chercheurs zurichois bénéficient ainsi du privilège d’un temps d’observation garanti, qu’ils souhaitent mettre à profit pour mieux étudier certaines exoplanètes.

« Le télescope James Webb ne nous permettra pas de découvrir des preuves de vie, mais cet instrument nous permet de caractériser l’atmosphère de ces planètes beaucoup plus précisément », a déclaré Adrian Glauser à Keystone-ATS. De cette façon, il sera possible de détecter du méthane, une molécule qui peut être un indice de vie.

Le groupe zurichois se concentrera sur « les exoplanètes les plus excitantes découvertes à ce jour », comme celles du système Trappist 1, sur lesquelles on peut trouver de l’eau liquide. « C’est un grand moment sur lequel nous travaillons depuis 18 ans », souligne l’astrophysicien, pour qui le départ, qui vient d’être reporté au 25 décembre, si la météo le permet, est « un joli cadeau de Noël ».

Les chercheurs qui n’étaient pas directement impliqués dans le développement du télescope spatial devaient demander du temps d’observation. Une demande sur quatre sur plus d’un millier a été acceptée.

Juste après le big bang

A l’observatoire de Genève, l’astrophysicien Daniel Schaerer sourit car lui et plusieurs de ses collègues figurent parmi les lauréats. Lui et son équipe effectueront une spectroscopie des galaxies, en se concentrant sur celles qui sont apparues 2,2 milliards d’années après le Big Bang.

Le but est de comparer leur masse et leur composition notamment avec celles qui sont apparues 10 milliards d’années après le Big Bang et dont nous avons déjà des données, a-t-il expliqué à Keystone-ATS.

Pascal Oesch, pour sa part, remontera encore plus loin dans le temps pour étudier les toutes premières galaxies. Avec son groupe, il tentera de déterminer la taille, la masse ou encore le nombre d’étoiles et s’intéressera également au phénomène de la réionisation de l’univers par la première génération d’étoiles peu après l’âge des ténèbres.

Avec Robert Feldmann de l’Université de Zurich, le professeur Oesch participe au programme international ‘Uncover’. L’objectif de ce consortium est de découvrir et d’étudier les premières galaxies apparues 300 à 400 millions d’années après le Big Bang.

« Serpent Cosmique »

Toujours à l’Université de Genève, Miroslava Dessauges observera une galaxie très particulière à 8 milliards d’années-lumière, appelée le « serpent cosmique » car elle nous apparaît déformée par une « lentille gravitationnelle ». Elisabeth Matthews a l’intention d’étudier une exoplanète de type Jupiter, la plus proche du système solaire.

L’Université de Berne est présente dans les voyages spatiaux depuis des décennies. Matthew Hooton et Yann Alibert se pencheront sur six exoplanètes distantes de plus de 200 années-lumière et en orbite autour de l’étoile TOI-178.

C’est un système spécial dans lequel les planètes tournent à un rythme harmonieux et ont une grande variété de densités. Les chercheurs étudieront l’atmosphère de trois d’entre eux.

Ces observations commencent au mieux six mois après le démarrage. C’est le temps qu’il faut pour mettre le télescope en orbite solaire, l’étendre, puis tester et calibrer les instruments. Adrian Glauser participera à ces opérations au centre des opérations de la mission à Baltimore, aux États-Unis. « Nous croisons les doigts pour le lancement », résume Daniel Schaerer.

/ ATS

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